Paysage signé à l'huile sur toile vers 1948 par le peintre cubiste français André Lhote. Le vieux moulin représenté dans le présent ouvrage est situé dans la pinède de La Cadière-d'Azur, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, où André Lhote a acquis une maison en 1948.
Dimensions :
Encadré : 19 "x22"
Sans cadre : 15 "x18"
Provenance :
L'authenticité de ce lot a été aimablement confirmée par Dominique Bermann Martin. Cette œuvre sera incluse dans le prochain catalogue raisonné d'André Lhote.
André Lhote a passé 10 ans en apprentissage à Bordeaux auprès d'un sculpteur-décorateur et a également suivi des cours de sculpture décorative à l'École des Beaux-Arts. Il était autodidacte et érudit. Il était sculpteur sur bois et c'est en lisant les Salons de Diderot, le Journal de Delacroix et les Curiosités Esthétiques de Baudelaire qu'il s'est mis à peindre. Il fait la connaissance des impressionnistes, admire Gauguin et copie Rubens et Delacroix. En 1907, il s'installe à Paris. À partir de 1918, il enseigne dans diverses académies jusqu'à ce qu'il fonde sa propre académie en 1922, rue d'Odessa. Il expose son enseignement dans de nombreux ouvrages et articles, abondamment illustrés de reproductions pour compenser le manque d'application pratique de la théorie, qu'il enseigne au cours d'un travail effectif en Studio, en respectant les règles de l'art de la Nouvelle Revue Française de 1918 à 1940.
Malicieusement, voulant démontrer que son œuvre ne devait pas nécessairement être ignorée simplement parce qu'il écrivait sur l'art, Lhote a rassemblé des textes de plusieurs grands maîtres, dont l'un soupçonné d'être de Léonard de Vinci, et les a publiés sous le titre De la Palette à l'Écritoire. Mais les fondements de son enseignement sont contenus dans ses deux essais : Traité du Paysage et Traité de la Figure. C'est un maître qui a su extraire tous les éléments transmissibles des œuvres du passé et du présent.
Lhote a peut-être acquis lors de son apprentissage un sens du monumental qui caractérisera plus tard son style et lui permettra d'exécuter avec aisance de grandes compositions telles que Port of Calle (1913). À partir de 1907, il connaît parfaitement les leçons de Cézanne. Charles Morice, Apollinaire, André Gide et Maurice Denis ont rapidement pris conscience de ses talents. Lhote s'inscrit tout naturellement dans la partie du mouvement cubiste que l'on peut qualifier de "française" et qui représente plus ou moins pleinement le groupe de la Section d'Or. Ces artistes ont tenté de concilier le facteur émotionnel offert par la réalité extérieure avec l'élément spirituel mis en évidence par la traduction de cette réalité extérieure dans le langage des arts visuels. La Fresnaye, Delaunay et Jacques Villon appartiennent également à cette branche française du cubisme, et leurs successeurs (Pignon, Singier, Manessier, et bien d'autres) sont principalement issus de l'enseignement d'André Lhote, du moins dans leur premier style.
L'art de Lhote a souvent été taxé de timidité, mais il s'agit plutôt de retenue. Il s'est efforcé de maintenir une distance égale entre le pur sensationnalisme et la spéculation esthétique. Comme les autres cubistes français, c'est dans l'art des "transitions" qu'il excelle. Une "transition" est la transcription dans les médias visuels des phénomènes optiques par lesquels certaines formes sont capturées, par exemple lorsque la partie ombrée d'une masse se combinant avec l'ombre de l'arrière-plan devient elle-même une partie de l'arrière-plan. Il ne s'agit pas d'un simple exercice de rhétorique picturale, mais d'une des méthodes les plus sûres pour créer une unité picturale, car ces "transitions", habilement manipulées, intègrent les différents éléments entre eux. Cette excellence dans la technique de manipulation des transitions chez les cubistes français peut être interprétée comme une volonté d'atteindre le classicisme dans la mesure où le classicisme est compris comme une recherche d'unité dans l'œuvre créée, en opposition aux styles gothique ou baroque. Lhote a certainement donné l'impression d'un peintre classique typiquement français dans ses œuvres majeures : Dimanche (1910) ; Calle (1913) ; Jugement de Paris (1913) ; Hommage à Watteau (1918) ; Marin à l'accordéon (1920) ; Plage (1922) ; Rugby (1924) ; Amis (1925) ; et Léda (1930).
Lhote a également passé une grande partie de son temps à illustrer des œuvres telles que The Rime of the Ancient Mariner de Coleridge, Ports of Call (Escales) de Jean Cocteau et Animaux et leurs Hommes, Hommes et leurs Animaux (Les Animaux et leurs Hommes, les Hommes et leurs Animaux) de Paul Éluard. Pour l'Exposition internationale de 1937 à Paris, il a réalisé la décoration murale Coal Derivatives. Il a également réalisé d'autres décorations murales, notamment Gas pour le Palais de la Découverte à Paris, et La Gloire de Bordeaux pour la faculté de médecine de Bordeaux.
Lhote était un travailleur infatigable et, tout en étant impliqué dans de nombreuses activités, il a produit une œuvre importante. Si certaines de ses toiles sont restées inégalées dans la perspective globale de l'École de Paris au cours de la période 1900-1950, d'autres ont été moins appréciées, mais jamais, comme pour tant d'autres artistes, parce qu'il a emprunté la voie de la facilité, mais au contraire à cause d'un trop grand ésotérisme.
A Paris, Lhote participe au Salon des Indépendants à partir de 1906, au Salon d'Automne en 1907 et à l'exposition de la Section d'Or en 1912. En 1910, la Galerie Druet organise pour lui sa première exposition personnelle. Il participe aux premières expositions cubistes. Une grande exposition de toutes ses œuvres a eu lieu dans sa ville natale de Bordeaux en 1943. Des rétrospectives ont été organisées au Musée national d'art moderne de Paris (1958) et au musée de Valence (2003).
Fonds de musées et de galeries :
Aarau (Aargauer Kunsthaus) : Nature morte (1929) ; Nu naturel (c. 1930) Bordeaux (MBA) : Paysage (1906)
Genève (Petit Palais) : Dimanche avec Alain Fournier (1912)
Paris (BNF) : Portrait en demi-teinte d'un nu masculin allongé (c. 1934)
Paris (MAMVP)
Paris (MNAM-CCI) : Port d'escale (1913) ; Rugby (1917) ; Léda (1930) ; 14 juillet à Avignon ; Vendanges (1955) ; Vie de famille ; Femme à sa toilette ; Vendanges ; Vue d'Avignon ; Maisons à Calle.
St-Tropez (Mus. de l'Annonciade) : Omnes Docet (1935)