Studio de Sir Peter Lely (1618-1680)
Portrait de Lady Anne (1665-1714), future reine
Huile sur toile
20⅞ x 16¾ in.
c.1678
Provenance
CAP. H. A. N. Forte, de Polock, West Somerset ;
Christie's, 21 février 1913, lot 52 ;
Christie's, 24 mars 1922, lot 93 ;
Collectional, Royaume-Uni.
Nous avons le plaisir de proposer un rare portrait en buste de Lady Anne Stuart (1665-1714), future reine (1702-1714), réalisé dans le studio de Sir Peter Lely (1618-1680) [1]. Lely était le principal portraitiste de la cour d'Angleterre et le principal peintre de la période de restauration. Louée en particulier pour ses portraits de femmes, cette œuvre rappelle les célèbres Windsor Beauties de Lely par l'utilisation de lourdes draperies et de robes en soie somptueuse, qui brillent par la représentation de l'ombre et de la lumière. La version en pied du tableau de Lely "La reine Anne enfant", vers 1678, était connue grâce à des gravures en mezzotinte produites au XVIIe siècle, mais n'a été redécouverte dans une collection privée qu'en 2003 [2]. La présente œuvre est la seule autre version connue du portrait complet et présente une composition recadrée avec de légères modifications. David A. H. B. Taylor, coauteur du catalogue raisonné à paraître sur Lely, qui a redécouvert la version plus grande, a affirmé que l'actuel "tableau plus petit peut avoir été produit avant le tableau plus grand, ou simultanément, et qu'ils ne seraient pas nécessairement identiques en termes de modélisation et de détails vestimentaires". Si ce portrait a été peint en premier, il est possible que Peter Lely ait participé directement à sa composition et à son exécution, en produisant un buste plus proche de la vie utilisable en tant qu'œuvre préparatoire pour la version plus grande. Cela correspondrait à la pratique du Studio de Lely, qui peignait lui-même la tête et laissait les draperies et autres attributs à ses assistants. La qualité des coups de pinceau autour du visage en témoigne, de même que le fait que l'œuvre soit restée inachevée, révélant ainsi la délicatesse du modelage. Cela a sans doute créé un visage plus vivant et plus direct que dans la version plus travaillée.
Cette œuvre convaincante, qui représente la jeune Lady Anne de profil, est d'une qualité particulièrement élevée. Compte tenu de l'âge de la personne et de la manière suggestive et sensuelle dont elle a été peinte, il est probable que l'œuvre ait été réalisée pour promouvoir Anne en vue d'un mariage : sa peau pâle comme de la porcelaine et son front haut font d'Anne une femme d'une dignité aristocratique, tandis que ses joues roses et rebondies sont pleines de vie et témoignent de sa vitalité [4]. Les anneaux de châtaigne sont magnifiquement modelés avec une habileté naturaliste dans le style " hurly-burly ", à la mode dans les commissions royales contemporaines [5]. Les tons de rouge se reflètent dans les cheveux d'Anne, répétés dans le rideau bordeaux et les rubis qui s'enroulent autour de l'épaule du modèle, créant une forme pyramidale qui encadre et met l'accent sur le visage et les traits délicats d'Anne. De plus, la pureté et l'innocence d'Anne, et donc sa virginité, sont attestées par les perles qui ornent le décolleté finement modelé de sa robe lilas. Des touches de peinture plus claire sont utilisées pour faire scintiller les perles, les rubis et les pierres précieuses qui ornent le regard intelligent d'Anne, qui est animé par une tache de blanc mimétique mais subtile, qui reflète la lumière derrière le peintre. Le drapé classique du rideau rouge et les feuilles silhouettées sont complétés dans le portrait en pied, tandis qu'une couronne inachevée et une grande aiguière sont introduites. Cette imagerie illustre la promotion iconographique de Lady Anne en tant que jeune femme éduquée, éligible et manifestement impressionnante, en utilisant un langage visuel qui se veut une alternative contemporaine à l'imagerie catholique traditionnelle. Ce portrait sert donc à promouvoir Anne en tant que future épouse et mère d'héritiers protestants pour les Stuart" [6].
Anne se mariera le 28 juillet 1683 avec le prince George de Danemark. Anne était la deuxième fille des rois catholiques Jacques II et Jacques VII, que nombre de ses sujets protestants considéraient comme un tyran. Après l'invasion de son beau-frère et la fuite de Jacques en France, Guillaume et Marie sont couronnés conjointement. À leur mort, Anne a succédé au trône en 1702, non pas par droit héréditaire traditionnel - son beau-frère prétendait au titre de "Jacques III" en France - mais en vertu d'une loi parlementaire ratifiée dans le cadre du "règlement de la révolution". La révolution a fortement limité le pouvoir de la monarchie et Anne a régné en tant que monarque parlementaire ou "constitutionnel". Elle a notamment supervisé l'union législative de l'Angleterre et de l'Écosse sous le nom de Grande-Bretagne et la paix d'Utrecht, qui ont toutes deux cimenté la future prééminence du pays.
Le portrait ressemble beaucoup à l'"Étude pour un portrait de femme" de Sir Peters, datant des années 1670 et conservée au Metropolitan Museum of Art (06.1198), ce qui suggère que le présent tableau pourrait être une étude préparatoire de la version plus grande et travaillée récemment publiée dans le Burlington Magazine.
Diptych Fine Arts remercie David A. H. B. Taylor pour ses commentaires perspicaces concernant cette œuvre.
Notes
1 David A. H. B. Taylor correspondance électronique basée sur des images haute résolution de l'œuvre d'art, mardi 12 novembre 2024.
2 David A. H. B&H. Taylor, "A Rediscovered Portrait of Queen Anne, When a Child, by Sir Peter Lely", The Burlington Magazine 145, no. 1204 (juillet 2003) : 501-4 ; Gravure de Richard Tompson, 33 x 25 cm.
3 David A. H. B. Taylor correspondance électronique, mardi 12 novembre 2024.
4 4 David A. H. B&H. Taylor, "A Rediscovered Portrait of Queen Anne, When a Child, by Sir Peter Lely", The Burlington Magazine 145, no. 1204 (juillet 2003) : 501-4 : p. 501.
5 Comme dans le portrait de la sœur aînée d'Anne : Mary II (1662-94) de Sir Peter Lely, alors princesse d'Orange, c.1677. Huile sur toile, 126,0 x 102,3 cm. Collectional : Chatsworth Room, Hampton Court Palace, RCIN 40258.
6 David A. H. B. Taylor correspondance électronique, mardi 12 novembre 2024.